A
lire dans la revue d'octobre
2001 :
Le
sommaire
Archives
: revue d'avril 1999
de Jacques Seray
"La revue a vingt ans"
|
 |
En
rase campagne berrichonne...
Ah ! le beau chapeau de Jacques.
|
Il court,
il court !
Souris, petite bestiole toute lisse, craintive, tressaillant dans le noir
en travers des rails, tu nas pas besoin de tenfuir, je ne
veux pas te pourchasser, merle siffleur sans peur, ciel déroutant,
bonjour. Alerte à la fièvre aphteuse ! Marcheurs, marcheuses,
enchanteurs, ne perdez pas une minute, « tic-tac ». Tactique
« Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite
» (Francis James).
A Bourges, où il neigeait cette nuit, 23 audacieux seulement, du
jamais vu, réunis pour la même passion, du tac au tac, partent
à la conquête du nouvel itinéraire du 150 km, au relief
varié, très touristique. Contrairement au temps, lambiance
distillée par la M.A.C. est au beau fixe.
Le plan deau est quitté en direction du sud-est. Ce sera
ensuite au tour du canal du Berry qui relie Montluçon à
Vierzon et de lAuron regorgeant deau de nous accompagner dans
la Champagne berrichonne ensemencée de blé. De magnifiques
lièvres en période daccouplement, des chevreuils effrayés
aussi nous font une belle démonstration de course à découvert.
A Plaimpied-Givaudins, sur la place de léglise abbatiale
Saint-Martin (XIe siècle), se tient le premier ravitaillement.
Le pilier séparant la nef du transept, à droite, possède
lun des plus remarquables chapiteaux de léglise : la
Tentation du Christ. Nathalie qui est « chez elle »
filme les affamés qui auront double ration. « Qui veut
voyager loin ménage sa monture. » La petite route départementale
conduit à Dun-sur-Auron dont nous apercevons le beffroi du XVe
siècle flanqué de tourelles. Des remparts de cette ville
médiévale, une vue nous est offerte sur le fleuve bouillonnant.
Lintérieur dune cabine donne une idée des étroites
péniches qui étaient alors tirées par les bourricots
des chemins de halage. Juste avant que la nuit tombe, dans le grand bois
de Meillant, un chemin « peu » glissant avec de « rares
» flaques deau fait notre bonheur. Il est très agréable
de sy promener, ce que nous faisons, loin des arsinotherium, rhino,
hippo, croco, moeri-therium, cousin de léléphant...
Détrempés par la pluie et compte tenu du redoux, les étranges
sangliers, deux sont descendus de Fondettes, soufflent.
Après le repas pris à Saint-Amand-Montrond, la mayonnaise
ne tarde pas à prendre. Les capitaines de route Michel et Jean-Pierre
nous entraînent sur le terrain favori de Robert et deux-mêmes,
un dénivelé de 23 km autour de la ville de lorfèvrerie
resplendissante dans la nuit de milliers de lumières. La route
passe le Cher à deux reprises et parvient jusquau mirage
empalé exposé par le député-maire, sénateur,
ex-pilote davions de chasse. La grande remise en forme avant printanière
commence. Après le petit tertre (bosse), nous reprenons notre pied
dans le grand tertre, plus pentu, plus long. Redescendus pour tout remonter
dun coup, lassaut est ensuite donné à la côte
des Colas nayant rien à envier aux autres. Chenille merveilleusement
ondulée, papillon nocturne groggy... la joie ! Là-bas, sur
la colline, le château du XIVe siècle a disparu du décor.
En revanche, labbaye de Noirlac construite en belle pierre blanche
du pays, importante étape de la route de Jacques-Cur, constitue
lun des ensembles monastiques les mieux conservés et les
plus complets de France. A Bruère-Allichamps, au croisement de
la N 144 et de la D 92, une borne gallo-romaine du IIIe siècle
symbolise le centre géographique de la France. Mais il en faut
plus à nos mordus du bitume pour les détourner de leur objectif.
Pour une multitude de raisons, quitte à souffrir, pas question
de démériter. Pour oublier le temps, cela ne me coûte
dailleurs pas, jéchange des propos avec tous. François
Vincent, sentraînant pour le 24 heures sélectif de
Château-Thierry, Jean Rémy, Henri Legrand, marcheurs athlétiques
confirmés, sont avec nous.
Pour les nouveaux porteurs du virus, je pense à Gérard de
Gisors, que « Tante Inite Maïté », sur le champ,
surnomma « loncle incarné », spécimen
rarissime de la promotion 2000, qui sest fait sa carte de visite
à Millau, 20 kilomètres de Paris, de nuit sil
vous plaît, sa musette pleine de galettes, après avoir flâné
aux aurores en forêt de Fontainebleau où il fut couronné
roi, se rendant ensuite aux 20 heures de Dunlopillo, après sêtre
essayé aux 30 heures de Flers-de-lOrne, Paris-Mantes,
Bourges-Sancerre, 75 km de Lhomme... ce cosmonaute de la station
Mir, je crois, avec lincroyable Michel Duigou de Sacy-le-Grand
ne dorment-ils pas désormais avec leur combinaison, casquette jaune,
lampe frontale et baskets ! Il faut dire haut et fort que Jean Rémy
et Henri ont disputé Paris-Colmar.
Il court, il court, Henri Legrand. De par son palmarès que je ne
connais quincomplètement, il mériterait un portrait
détaillé. Outre ses 29 Aigles dor Audax (plus de 60.000
km englobant la série de quinze 200 km et les brevets davance),
de 1984 à 1989, il a participé avec brio à des 30
heures et de nombreux 24 heures sélectifs. Souvent classé
dans les trois premiers, il en a remporté un (216 km) et participa
à quatre Paris-Colmar. Les ultramarathons (100 km en 10 h 30) de
Belvès, Millau, Gravigny, Migennes, Amiens
). Pour lui, cétait
devenu une tradition.
Ce circuit est très touristique. Un ravissement. Alors quil
est 8 h 50, nous filons maintenant sur Châteauneuf-sur-Cher. Droit
devant nous, donnant sur la vallée du Cher, la basilique Notre-Dame
édifiée il y a un siècle et demi plastronne à
côté du château, une puissante forteresse du XIe siècle
remaniée à plusieurs reprises entre les XVIe et XVIIIe siècles.
Une collation nous est donnée sur la rive gauche.
Km 123. Repas du midi. Les mets divers ont été appréciés
à leur bonne valeur. Merci au restaurant Lunery, ayant à
peine eu le temps de poser les valises, davoir rouvert pour nous
le dimanche. Les giboulées sont suivies de belles éclaircies.
Il ny a plus quà se laisser porter par le vent violent
jusquà larrivée. Le roller ! Une excellente
idée. Dans cette soufflerie qui nous rafraîchit les idées,
nous réveille, nous stimule, la chapelle Saint-Ursin, le domaine
de la Grange Miton, les cathédrales Saint-Etienne et Saint-Henri
attirent le regard. Nous posons un pied, un second, sur le boulevard de
lIndustrie. Nous ne sommes plus quà un kilomètre
des Pêcheurs, au troisième feu. Ouf, comme cest bon
! Déjà acclamés, nous marquons un bref arrêt
pour nous regrouper. Caillou, petite canaille, te complaisant à
la pointe de mon orteil depuis un sacré temps, allez, vas-t-en
maintenant.
Les bénévoles du ravitaillement qui nous ont choyés
durant ces 30 heures avec une émotion et une pêche peu communes,
les cibistes sympa, les municipalités et les capitaines de route
qui sen sont bien sortis malgré des conditions météo
particulièrement difficiles sont remerciés.
Un marcheur et deux féminines sont félicités pour
leur premier 150 kilomètres. Pour clôturer cette très
belle prestation, un brevet quont bien mérité les
participants, un agréable pot de lamitié est pris
tous ensemble.
René VASSEUR.
|