« Voyage surprise »
à Auderghem

les 23 et 24 février 2001

   

A lire dans la revue d'octobre 2001 :
Le sommaire

Archives : revue d'avril 1999
de Jacques Seray
"La revue a vingt ans"



Une grande fête réussie pour les adieux de Paul
sur les grandes distances.

Après moult hésitations et les conseils judicieux et précis d’un ami grand connaisseur de Bruxelles pour y avoir vécu pendant près de vingt ans (merci Pascal), je me décide dès le mardi 20 février à me rendre à Auderghem pour le 75 km de Paul.
Billets en poche, sac à dos, cartes, devises, plan du métro, tout est prêt en trois temps trois mouvements. Le vendredi 23, le Thalys flambant rouge m’emporte à vitesse « V » vers une aventure qui, de l’imaginaire, devient soudainement une réalité lorsque, sur le quai gare du Midi, je pose enfin le pied.
Ouf ! Aucun visage connu à l’horizon… Mon voyage surprise le restera. Je prends le métro pour me rendre au quartier du Cinquantenaire où je loge. C’est là que se tiennent « la commission et le Conseil européen ».
Les boutiques abondent, les banques également. Les galeries et les rues sont animées. Je prends possession de ma modeste chambre, y dépose mes affaires et pars aussitôt reconnaître le trajet métro et pédestre que je devrais effectuer le lendemain matin jusqu’au groupe scolaire d’Auderghem. Je reconnais sans aucune peine ce lieu où tant de fois je me suis rendue pour y marcher. Je ne rencontre toujours aucun visage connu parmi ceux que je croise et c’est tant mieux. Je ne m’attarde pas et m’en retourne dans mon refuge, non sans avoir fait quelques emplettes et un peu de lèche-vitrines, le temps n’incitant guère à la flânerie.
Dans ma petite chambre « avec vue », pas de télé, mais peu importe, mon esprit est ailleurs. Je grignote quelques provisions tout en écrivant deux à trois cartes postales. Je trouve difficilement un sommeil apaisant, des crampes à répétition perturbent grandement ma nuit.
Dès potron-minet, je me lève par ce froid matin de février couleur de tourterelle, avale un substantiel petit déjeuner, règle ma note et m’engouffre dans le premier métro à quai, direction station Demey.
En « émergeant » des entrailles de la terre, je découvre avec stupéfaction que celle-ci a revêtu son blanc manteau, que la neige est épaisse et charge un sol glacé, que dans le ciel pâle, un peuplier s’élance. Les oiseaux se taisent, pourtant, sur une haute branche saupoudrée, un seul se balance comme la girouette au bout du long clocher ! C’est féerique…
Il n’est que 9 heures lorsque j’atteins sans encombre, dans un silence presque solennel, l’entrée de l’école sise rue des Ecoliers. Ne souhaitant surtout pas être vue, je me mets à l’abri et fais le guet sous une faible avancée que m’offre le balcon d’un pavillon sans vie apparente. Les flocons qui voltigeaient se doublent d’importance. L’épais tapis moelleux crisse sous les pas de rares passants.
Bien chaussée, chaudement vêtue, emmitouflée, encapuchonnée et gantée, je laisse s’égrener lentement le temps…, jetant malgré tout par intermittence un coup d’œil dans cette rue, me disant comme dans un conte : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » Une petite voix intérieure me souffle : « L’attente est une chaîne qui lie tous nos plaisirs », ainsi que « tout vient à point à qui sait attendre ». J’en fus convaincue et récompensée lorsqu’au sommet de la côte apparut l’avant-garde des éclaireurs suivie de près par Paul et le peloton, telle une longue chenille multicolore d’où émerge une multitude de parapluies enneigés et s’engouffre dans le hall de l’école. Sitôt le dernier entré, je lui emboîte le pas discrètement.
Afin d’être plus présentable, le coup de peigne s’impose, un grand souffle d’énergie monte en moi. La joie m’inonde toute entière lorsqu’enfin mon rêve s’accomplit en faisant irruption dans une salle comble. Le premier élan me pousse vers Paul, « le héros du jour », qui tout étonné me dit : « Mais que fais-tu là ? » « Je suis venue pour trois raison majeures, lui répondis-je, te souhaiter avec mon cœur un heureux anniversaire, te féliciter pour la réussite de ton “ baroud d’honneur ” et te revoir tout simplement ! » Mon émotion est grande, j’entends à peine le discours que Paul prononce pour tous les amis présents, pourtant une phrase reste gravée en ma mémoire : « Chers amis de tous horizons, le plus beau cadeau que vous m’ayez fait, c’est celui d’être venus ! Je vous en remercie chaleureusement du fond du cœur. »

ça monte et ça neige fort, mais l’arrivée
n’est plus très loin.

Irène et Georges s’affairent pour l’homologation des carnets et la remise des diplômes dessinés de main de maître par Paul. Tous les marcheurs et supporters sont invités à savourer une flûte de champagne. Mon regard parcourt alors la salle et j’ai l’immense plaisir de revoir des amis de longue date, perdus de vue sans doute, mais jamais oubliés pour autant. Je vais vers eux les embrasser avec joie. Je ne peux les citer tous, j’en nomme quelques-uns qui m’ont souvent apporté beaucoup d’amitié et de soutien tout au long de ma carrière de marcheuse : Paul Tierentijn, Amand Vogelaère, François Clévis (« la cantinière », vous vous en souvenez ?), Daniel Castiau, Adrien Top (président des Euraudax belges de 1979 à 1984), Willy Persyn (président depuis 1987), Karl van Hoorenbeeck, Jeanine, Jacky Servais pour la Belgique, Robert Weidmann, Baudouin Rossius, Robert et Françoise Mérillon, Fabrice Levasseur (Bouboule pour les intimes), Guy Jaud, Jacques Remande, Jean-Marie Burton, Alain Masson, Alain Clairet, Pierre Clément pour la France et j’en oublie, c’est certain, que ceux-ci me pardonnent. Notre « Babu » est absent mais il organise un brevet chez lui en Touraine, je lui redis mon amitié par l’entremise de la revue.
N’ayant pas participé sur le terrain au « baroud d’honneur » de Paul, que dire de plus, si ce n’est que ma joie fut incommensurable d’avoir pu réaliser ce rêve d’aller à Auderghem, d’y être chaleureusement accueillie, reconnue par mes amis malgré une très longue absence. Merci à vous tous.
A bientôt peut-être sous d’autres cieux, mais pas au « paradis des marcheurs Euraudax », n’étant nullement pressée de m’y rendre.
Bien amicalement, je vous embrasse et… « au revoir ».

Colette BLANCHARD..