A
lire dans la revue d'octobre
2001 :
Le
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: revue d'avril 1999
de Jacques Seray
"La revue a vingt ans"
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Une grande fête réussie pour les adieux de Paul
sur les grandes distances.
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Après
moult hésitations et les conseils judicieux et précis dun
ami grand connaisseur de Bruxelles pour y avoir vécu pendant près
de vingt ans (merci Pascal), je me décide dès le mardi 20
février à me rendre à Auderghem pour le 75 km de
Paul.
Billets en poche, sac à dos, cartes, devises, plan du métro,
tout est prêt en trois temps trois mouvements. Le vendredi 23, le
Thalys flambant rouge memporte à vitesse « V »
vers une aventure qui, de limaginaire, devient soudainement une
réalité lorsque, sur le quai gare du Midi, je pose enfin
le pied.
Ouf ! Aucun visage connu à lhorizon
Mon voyage surprise
le restera. Je prends le métro pour me rendre au quartier du Cinquantenaire
où je loge. Cest là que se tiennent « la commission
et le Conseil européen ».
Les boutiques abondent, les banques également. Les galeries et
les rues sont animées. Je prends possession de ma modeste chambre,
y dépose mes affaires et pars aussitôt reconnaître
le trajet métro et pédestre que je devrais effectuer le
lendemain matin jusquau groupe scolaire dAuderghem. Je reconnais
sans aucune peine ce lieu où tant de fois je me suis rendue pour
y marcher. Je ne rencontre toujours aucun visage connu parmi ceux que
je croise et cest tant mieux. Je ne mattarde pas et men
retourne dans mon refuge, non sans avoir fait quelques emplettes et un
peu de lèche-vitrines, le temps nincitant guère à
la flânerie.
Dans ma petite chambre « avec vue », pas de télé,
mais peu importe, mon esprit est ailleurs. Je grignote quelques provisions
tout en écrivant deux à trois cartes postales. Je trouve
difficilement un sommeil apaisant, des crampes à répétition
perturbent grandement ma nuit.
Dès potron-minet, je me lève par ce froid matin de février
couleur de tourterelle, avale un substantiel petit déjeuner, règle
ma note et mengouffre dans le premier métro à quai,
direction station Demey.
En « émergeant » des entrailles de la terre, je découvre
avec stupéfaction que celle-ci a revêtu son blanc manteau,
que la neige est épaisse et charge un sol glacé, que dans
le ciel pâle, un peuplier sélance. Les oiseaux se taisent,
pourtant, sur une haute branche saupoudrée, un seul se balance
comme la girouette au bout du long clocher ! Cest féerique
Il nest que 9 heures lorsque jatteins sans encombre, dans
un silence presque solennel, lentrée de lécole
sise rue des Ecoliers. Ne souhaitant surtout pas être vue, je me
mets à labri et fais le guet sous une faible avancée
que moffre le balcon dun pavillon sans vie apparente. Les
flocons qui voltigeaient se doublent dimportance. Lépais
tapis moelleux crisse sous les pas de rares passants.
Bien chaussée, chaudement vêtue, emmitouflée, encapuchonnée
et gantée, je laisse ségrener lentement le temps
,
jetant malgré tout par intermittence un coup dil dans
cette rue, me disant comme dans un conte : « Anne, ma sur
Anne, ne vois-tu rien venir ? » Une petite voix intérieure
me souffle : « Lattente est une chaîne qui lie tous
nos plaisirs », ainsi que « tout vient à point à
qui sait attendre ». Jen fus convaincue et récompensée
lorsquau sommet de la côte apparut lavant-garde des
éclaireurs suivie de près par Paul et le peloton, telle
une longue chenille multicolore doù émerge une multitude
de parapluies enneigés et sengouffre dans le hall de lécole.
Sitôt le dernier entré, je lui emboîte le pas discrètement.
Afin dêtre plus présentable, le coup de peigne simpose,
un grand souffle dénergie monte en moi. La joie minonde
toute entière lorsquenfin mon rêve saccomplit
en faisant irruption dans une salle comble. Le premier élan me
pousse vers Paul, « le héros du jour », qui tout étonné
me dit : « Mais que fais-tu là ? » « Je suis
venue pour trois raison majeures, lui répondis-je, te souhaiter
avec mon cur un heureux anniversaire, te féliciter pour la
réussite de ton baroud dhonneur et te revoir
tout simplement ! » Mon émotion est grande, jentends
à peine le discours que Paul prononce pour tous les amis présents,
pourtant une phrase reste gravée en ma mémoire : «
Chers amis de tous horizons, le plus beau cadeau que vous mayez
fait, cest celui dêtre venus ! Je vous en remercie chaleureusement
du fond du cur. »
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ça
monte et ça neige fort, mais larrivée
nest plus très loin.
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Irène
et Georges saffairent pour lhomologation des carnets et la
remise des diplômes dessinés de main de maître par
Paul. Tous les marcheurs et supporters sont invités à savourer
une flûte de champagne. Mon regard parcourt alors la salle et jai
limmense plaisir de revoir des amis de longue date, perdus de vue
sans doute, mais jamais oubliés pour autant. Je vais vers eux les
embrasser avec joie. Je ne peux les citer tous, jen nomme quelques-uns
qui mont souvent apporté beaucoup damitié et
de soutien tout au long de ma carrière de marcheuse : Paul Tierentijn,
Amand Vogelaère, François Clévis (« la cantinière
», vous vous en souvenez ?), Daniel Castiau, Adrien Top (président
des Euraudax belges de 1979 à 1984), Willy Persyn (président
depuis 1987), Karl van Hoorenbeeck, Jeanine, Jacky Servais pour la Belgique,
Robert Weidmann, Baudouin Rossius, Robert et Françoise Mérillon,
Fabrice Levasseur (Bouboule pour les intimes), Guy Jaud, Jacques Remande,
Jean-Marie Burton, Alain Masson, Alain Clairet, Pierre Clément
pour la France et jen oublie, cest certain, que ceux-ci me
pardonnent. Notre « Babu » est absent mais il organise un
brevet chez lui en Touraine, je lui redis mon amitié par lentremise
de la revue.
Nayant pas participé sur le terrain au « baroud dhonneur
» de Paul, que dire de plus, si ce nest que ma joie fut incommensurable
davoir pu réaliser ce rêve daller à Auderghem,
dy être chaleureusement accueillie, reconnue par mes amis
malgré une très longue absence. Merci à vous tous.
A bientôt peut-être sous dautres cieux, mais pas au
« paradis des marcheurs Euraudax », nétant nullement
pressée de my rendre.
Bien amicalement, je vous embrasse et
« au revoir ».
Colette BLANCHARD..
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