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Le 75 km de Saint-Pierre-des-Corps | ||||||
A
lire dans la revue d'octobre
2001 : Archives
: revue d'avril 1999 |
Dans
le TGV qui file à une allure soutenue, les sièges sont confortables.
Les filles de La Rochelle sont riches, jeunes et belles. Je nen
demande pas plus. Comme une image, sage, dun coup, je suis jeté
sur le quai à Saint-Pierre-des-Corps. Cherchez la faille. Je maccorde
un moment pour méditer et, sorti de ma stupeur, savez-vous quoi,
je voyage désormais debout, dans un train de plaisir dun
certain charme, roulant à la vitesse de 6-6,5 km/h. Sous la houlette
du gentil prince Babu, ceinture noire de marche et de vélo du Val
de Loire... Les 54 voyageurs « couche tard » montés
à bord, partent pour la nuit. La température est plutôt
clémente, le ciel étoilé... Tiré par la locomotive
qui fume, le convoi sébranle en direction de lest tourangeau.
Et puis
cest lapogée de litinéraire. Ornementation
raffinée. Fascinant. Il ne manque que les spectacles son et lumière.
A flanc de coteau sur la Loire capricieuse qui sattarde autour de
lîle dOr devant les belles façades blanches du
quai, le château royal dAmboise des XIVe-XVIe siècles
en pierre de tuffeau (le plus ancien château des rois de France)
se dresse élégamment. Charles III y naquit et y mourut.
Dans les deux énormes tours, une rampe en spirale permettait laccès
des cavaliers et des attelages aux terrasses du château. Le dos
courbé en avant, grimpons et relevons la tête pour admirer
les vitraux de la chapelle Saint-Hubert, joyau de style gothique flamboyant
où Léonard de Vinci a été enterré !
Un peu plus loin, on découvre le Clos-Lucé, joli manoir
où linventeur de lan 2000, embauché comme architecte
par François Ier, fut logé les trois dernières années
de sa vie, de 1516 à 1519. Il vint dItalie par les Alpes
à dos de mulet, avec ses trois tableaux préférés
enfermés dans des sacoches de cuir : la Joconde, la Vierge à
lEnfant, avec Sainte Anne et Jean le Baptiste, exposées au
Louvre.
7 h
30, les oiseaux et le coq ont chanté. Nattendons pas midi
pour déjeuner. « Le Ménestrel », avec des plats
simples et réussis, nous sert quelques « vers » de
son répertoire. En marge de lagitation citadine, des chemins
sablonneux découpant les vignobles de Montlouis, un sentier escarpé,
« le singe vert », surplombant les berges de la Loire saluée
de nouveau, nous mène aux caves Courtemanche pour une collation
de réconfort. Avant, Jean-Marc naura pas manqué de
nous faire observer le joli point de vue sur la vallée de la Loire
et les mots symboliques de la République « liberté,
égalité, fraternité » gravés en façade
de léglise de Saint-Louis. Certains « sifflent »
un verre deau ou de Coca, dautres un verre de vin chaud. Le
train siffle trois fois... puis repart. A La Ville-aux-Dames, jadis habitée
uniquement par des dames nobles, sans musarder, il dévale dans
les rues aux noms de femmes célèbres : George Sand, élevée
au château de Nohant (Indre), Louise Michel (célèbre
anarchiste), Adrienne Lecouvreur (actrice), Maryse Bastié (aviatrice
française qui traversa seule lAtlantique sud), Ginette Neveu,
Aliénor dAquitaine, épouse dHenri II, roi dAngleterre,
Olympe de Gouges... Ce millénaire, le peintre Jacqueline Charbonneau,
en bonne marche, pourrait très bien compter parmi les célébrités...
Mais on ne connaît pas grand chose du talent de lartiste qui
aurait tout à gagner en exposant ses uvres au public... Au
pont des Epines fortes, arrêtés à notre guise au milieu
de la voie en cul-de-sac, un Mars dans une main, un verre dans lautre,
nous sommes envoûtés par le triage téléguidé
des wagons et la formation de trains de marchandises, en pente douce.
Et cest lamorce des derniers kilomètres avant larrivée. René VASSEUR. |
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