A
lire dans la revue d'octobre
2001 :
Le
sommaire
Archives
: revue d'avril 1999
de Jacques Seray
"La revue a vingt ans"
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Quand
Michel Lamare et Jacques Remande pausent...
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Samedi
matin, le roi, la reine
et le ptit prince
Sont venus chez moi
pour me serrer la pince
Mais Léon était parti à Flers.
Léon
prend sa chère bicyclette et se dirige rue du 14-Juillet, non loin
de la gare. Une soixantaine de cyclistes sagite, discute, se salue.
Quelques-uns, plus inquiets, tâtent la pression de leur pneu. Tous
attendent le départ du 200 km selon la formule Audax organisé
par le RCVV Flers (Orne).
Gérard Toupet, le chef dorchestre, réunit le peloton
et précise les règles de sécurité. Nous sommes
répartis en trois groupes : les rouges, les verts et les jaunes.
Une pastille placée sur la carte de route donne à chacun
sa position. Les cyclistes sont venus de Livarot, Avranches, Caen, Flers,
Saint-Georges-des-Groseillers et autres clubs. Le temps nuageux répartit
équitablement les optimistes « roulons sans eau »
et les réalistes « roulons sous leau ».
Sainte-Honorine-la-Guillaume se détache au sommet dune côte.
Les corps sétirent et se mettent à danser comme pris
dexcès de fièvre. La vallée de lOrne
serpente au creux du vallon. Putanges, premier arrêt : un café.
Nous repartons vers Ri, Occagnes. Les côtes se succèdent,
donnant au final un brevet bosselé avec près de 2.000 m
de dénivelée. Trun, deuxième pause. Au café
local, bousculades de cyclistes pressés, fumeurs étonnés,
turfistes nerveux. Je quitte ce lieu encombré, la rue est plus
calme. Chez lantiquaire, deux angelots adipeux ornent une horloge
de cheminée baroque aux dorures ternies.
Nous repartons vers Vimoutiers où coule le camembert. Le mont Ormel,
témoin de violents combats en 1944, se dresse. Les drapeaux aux
couleurs nationales des principaux acteurs (anglais, canadiens, polonais
et français) battent au vent. Exmes, puis Bourg-Saint-Léonard
conclut cette matinée. Le repas sanime faiblement. Pour une
photo souvenir, le groupe pose, vite secoué par une averse de grêlons,
ce qui provoque un départ soudain. Le parcours se prolonge sous
des paysages magnifiques. Vieux-Pin, château de Médavy, château
dO, près de Mortrée, à la façade très
riche de sculptures, aux toitures très hautes. Le vent, venu de
louest, exprime son mécontentement. Gare aux cyclistes qui
osent le défier ! Nouvel arrêt à Ranes. Le cafetier
fixe toute son attention sur linterview télévisée
dun éleveur de chevaux visiblement mécontent du déroulement
de la course hippique. La nôtre se poursuit vers Beauvain. Une averse
trempe le peloton. Un gars grelotte, attend du secours : les crevaisons
répétées lui furent fatales. Un autre a abandonné,
fatigué. La route touristique du mont dHère trace
un sillon de lumière dans ce paysage verdoyant. A Flers, Gérard
Toupet tire sur sa cigarette. Une fumée généreuse
séchappe. Il savoure cette bonne journée.
Dimanche matin, le roi, la reine
et le ptit prince
Sont venus chez moi pour me serrer
la pince
Mais Léon était parti
à Condé-sur-Noireau.
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Le
peloton dans le centre sportif de Flers.
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Le centre sportif
se confond parmi les bâtiments du même âge, sans véritable
caractère. Finalement, avec Bernard et Georges, nous nous dirigeons
vers la salle omnisports où Michel Lamare, président de
Flers RandAudax, accueille les premiers marcheurs. Aujourdhui,
le club flérois nous propose une marche de cinquante kilomètres
dans le style Audax.
Le décor se situe en Suisse normande où buttes et vallées
abondent. Trente personnes, sous la conduite dAlex Guillotin, sélancent
sous un temps frais. Le peloton bien serré quitte Condé.
En contrebas, les usines Valeo sétalent. Plus loin, la vallée
du Noireau se faufile entre les arbres. Cambercourt donne le signal de
la côte vers Berjou. Le peloton explose sans vraiment décrocher
les moins vaillants. Nous avons affaire à des marcheurs solides
et volontaires. Arrêt à la sortie du village. Les tables
sont prêtes. Sympa. Descente raide du piton de Berjou. Un pêcheur
guette la truite au bord dun torrent étroit. Nous arrivons
directement à Pont-Erambourg. Jean-Paul officie pour accueillir
les marcheurs. Avec tact, le restaurant local lui a prêté
douze verres. Ravi de bavarder avec Henri Genissel, titulaire de cinq
Aigles, fléchard au long court. Dans ce lieu, trois rivières
convergent : le Noireau, la Vère, la Durance qui ensuite vont enrichir
lOrne à quelques kilomètres de là. Le débit
est rapide et important, conséquence des pluies récentes.
Retour à Condé. La table se dresse pour un repas de mi-journée.
Quelques marcheurs partent, dautres arrivent pour la deuxième
boucle. Jean-Paul assure le rythme. Le ciel se dégage. Georges,
de Saint-Lô, prépare son deuxième Aigle. Bernard,
de Cherbourg, sinquiète pour son premier 100 km. Vallée
de la Durance, le bonheur des pêcheurs. En deux lacets, la route
sélève surplombant le domaine du château de
Pontécoulant. Le groupe a chaud. Leur patience sera récompensée
à Saint-Pierre-la-Vieille où un vent glacial balaie la place.
Plus loin, une voiture a mordu le fossé.
De solides gaillards sortent le véhicule en deux mouvements et
regagnent le peloton dun pas rapide.
Le ciel se couvre de nuages épais. Proussy, puis Condé.
Clap, clap. Une belle journée se termine. Quelques coupes sont
distribuées. Certains repartent avec un napperon brodé des
doigts agiles dune charmante normande.
Léon
de MONTREUIL.
Merci
à Gérard Toupet, à Michel Lamare et à vos
équipes respectives de maintenir dans votre pays normand la formule
Audax.
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